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CORRESPONDANCE

lugubre me convenait fort ce matin. — Lady Crawfurd est venue chez moi hier ; elle m’a invitée à souper pour vendredi. D’après ce qu’elle m’a dit, il me paraît que mesdames de Matignon et de Montmorency doivent y être. J’aurais mieux aimé (d’après cela) ne pas y aller, car je connais l’indulgence de ces dames, et je ne doute pas qu’on ne fabrique une histoire comme à l’ordinaire ; mais lady C. m’a pressée de manière à n’être pas refusée. J’imagine que mistress Cockburn y sera, quoiqu’elle ne sorte presque pas ; elle ne voit plus aucun français : en tout cas, on prétend que ce nouveau ménage va fort mal. Monsieur Cockburn à ce qu’on dit is going into business. — Adieu, mes chers amis ; votre Adèle vous embrasse avec un cœur bien, bien gros.


Jeudi 20.

Vous ai-je mandé, chers amis, la route que je crois que nous prendrons en allant à Munich ; il me semble que oui, mais, quitte à me répéter, je vous redirai le nom des endroits que nous traverserons : Brunswick, Wolfenbüttel, Erfurt, Bamberg, Nuremberg, et Ratisbonne ou Augsbourg : c’est la ligne la plus droite et, par conséquent, celle qui me convient le mieux. — Monsieur de Boigne m’a dit avoir reçu hier une lettre de sa famille. J’en suis charmée pour lui ; il paraît qu’il ne lui reste d’autres parents que deux sœurs, vieilles filles, et trois frères dont deux sont en Amérique et l’autre supposé mort. Il prétend qu’il doit me laisser à Munich tandis qu’il ira rencontrer ses sœurs à Genève ou à Milan ; mais c’est un projet en l’air que je ne le crois pas assez sot pour exécuter ; vous avez bien assez de perspicacité pour en voir les nombreux inconvénients. Ce qu’il y a de certain c’est que, si j’aime les batailles, c’est de loin, et je