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CORRESPONDANCE

pourrait bien encore tourner ; ainsi ne vous livrez pas trop à l’espoir de m’embrasser peut-être dans moins d’un mois. J’avoue cependant que cette idée me tournerait la tête si j’avais le bonheur de recevoir de bonnes nouvelles de Londres. Je n’en attends qu’à Hambourg, parce que le général a déjà écrit à monsieur Gossler de garder nos lettres jusques à notre arrivée. Mes lettres doivent vous parvenir bien inexactement ; c’est la faute de la poste de Copenhague dont on ne peut jamais calculer les mouvements. — Adieu, mes uniques et adorés amis ; j’ai le cœur gros et léger ; fasse le ciel que je reçoive de bonnes nouvelles et que monsieur de Boigne reste du même avis : c’est ma prière de tous les moments ; ce sera la vôtre, j’en suis bien sûre.

Ne soyez pas inquiets si vous ne recevez pas de mes nouvelles pendant longtemps. Je compte voyager très expéditivement et, peut-être, ne rencontrerai-je pas de poste sur la route ; d’ailleurs, à l’inquiétude près, je me porte assez bien, quoique monsieur de Boigne m’ait trouvée très maigrie.



Hambourg, vendredi, 14 février.

Vous voyez par la date de ma lettre, mes excellents amis, que je n’ai point perdu de temps, venant de Nyborg ; je courais après des nouvelles sur lesquelles reposait mon bonheur. Que Dieu soit béni ! quoique mauvaises, celles que j’ai reçues m’ont tranquillisée. Ma bonne, mon adorable maman, quel cruel intervalle que celui qui s’est passé depuis le 29 janvier jusqu’à aujourd’hui ! Vous croirez difficilement que la vue de l’écriture de madame de Mville m’a causé un des plus vifs mouvements de joie que j’aie