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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

— Ma seule occupation et la seule qui me soit supportable est de relire toutes vos lettres ; il me paraît qu’il en manque au moins quatre ; peut-être me parviendront-elles par la suite ; celle où maman me rend compte de la douleur déchirante de madame de Fitz-James m’a fait répandre des torrents de larmes ; au surplus, c’est un chef-d’œuvre que cette lettre : elle est digne de madame de Sévigné. Je ne sais si la mort de madame de Maillé m’aurait fait autant d’impression à Londres qu’à Nyborg ; mais je ne le crois pas. On a mandé à monsieur de Boigne qu’elle avait été causée par la présence de trois constables qui, étant venus pour arrêter son père, lui avait fait une révolution. — Comme votre lettre du 8 ou 7 est perdue, cela peut-être ; mais ce trait me paraît porter toutes les marques de la bonté française. Je bénis le ciel de n’avoir pas été à Copenhague. Le séjour de Nyborg convient beaucoup mieux à ma profonde tristesse que celui d’une cour qui me paraît devoir être fort gaie ; d’ailleurs, ici, personne ne me console et c’est le seul soulagement que je puisse recevoir. — Monsieur de Boigne me mande qu’il s’amuse beaucoup. J’en suis charmée. Il me paraît que nous rapporterons de notre expédition de Danemark trois épées qu’il espère que la rouille n’aura pas entièrement gâtées. Voilà les grandes affaires !


Vendredi 7.

J’ai été interrompue par l’entrée de monsieur de Boigne. Il m’a rapporté beaucoup d’assez jolies choses de Copenhague. Nous partons demain pour Hambourg d’où je crois que nous prendrons notre chemin vers Cuxhaven, mais surtout, chers amis, n’en parlez à personne, personne sans exception. D’ici là, la girouette