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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

de la partie, ce qui m’aurait paru, je l’avoue, toute aussi mauvaise compagnie.

Vendredi 27.

Je n’ai point encore de lettres, mais, en revanche, je suis malade comme une bête. Adieu, ma bonne maman. Je vous embrasse tous du plus tendre d’un cœur tout à vous.


Dimanche, 29 décembre.

Monsieur Gossler sort d’ici. Ce maudit homme m’a mise au désespoir : les glaces sont si fortes à Cuxhaven qu’il faut que je renonce à recevoir de vos nouvelles de plusieurs semaines et, ce qui m’afflige encore davantage, c’est que vous n’avez pas des miennes, car la même raison retient sept malles à Cuxhaven. Je ne peux pas vous exprimer à quel point je suis découragée. Depuis quatre jours, je ne respire que dans l’espoir d’avoir des lettres et m’en voilà plus éloignée que jamais. Chers et excellents amis, est-il possible que je sois si totalement séparée de tout ce qui m’attache à la vie ? — On dit que nous partons vendredi pour Copenhague, et je m’éloigne encore sans avoir eu la légère consolation de recevoir un mot de vous depuis le 29 novembre. Avec cela, je désire partir mais je doute que cela soit, car je crains bien que la neige qui tombe de plus en plus n’y mette un obstacle invincible si les Belts sont parfaitement gelés ; je n’ai aucune objection à les passer en traîneau, mais la description qu’on me fait des bateaux à patins dans lesquels on vous attache pour aller également sur la glace et sur l’eau me paraît peu engageante. Au sur-