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CORRESPONDANCE

l’impossibilité de manquer à mes intentions d’aujourd’hui, quand même j’en aurais le désir, ce que l’amour-propre pourrait bien m’inspirer. — On dit que mademoiselle de Pardaillan, qui demeure chez madame de Lorraine, est jolie comme un ange ; ajouterai-je qu’on prétend qu’elle me ressemble beaucoup ? J’imagine que le nez rouge que je devrai au froid demain matin mettra tous les spectateurs de son côté. Je mène monsieur et madame d’Havré et leurs filles. Voilà toutes mes petites dispositions. Vous ne saurez que par le courrier prochain le résultat d’une bataille où je compte avoir une conduite si lâche ; j’aime bien mieux céder la victoire que d’avoir à combattre, d’autant plus, je ne crois pas vous l’avoir dit, que j’ai très bien chanté l’autre jour. L’auditoire n’était pas nombreux mais c’est assez pour qu’on ne croie pas que j’aurai cédé à la peur. Je connais trop votre indulgence, cher papa, pour craindre que vous trouviez mon petit bavardage ridicule. Je vous dis tout ce que je pense. Quand je suis loin de vous, c’est mon seul dédommagement. — Madame Cockburn sort de chez moi ; elle a interrompu ma lettre ; elle ne va pas chez madame de Vaudémont ; n’importe, je n’y chanterai pas. Elle m’a invitée à dîner chez elle de manière que je n’ai pas pu refuser, mais je crois que je n’irai pas. — Adieu, cher papa ; l’heure de la poste presse ; il faut finir. Adieu. J’embrasse, comme je l’aime, toute la maisonnée.


Jeudi 26 décembre.

Je vais vous rendre compte de ma journée d’hier, chère maman, si un mal de tête affreux me le permet. Mais,