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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

décide rien ; je n’en parle même pas ; ainsi, j’ignore absolument ce que je dois faire ! — Adieu pour aujourd’hui, mes chers amis. Je suis toujours sans lettres et le vent ne m’en promet pas.


Mercredi 24.

J’ai reçu hier deux lettres, mon cher papa, une de mademoiselle de… en réponse à la mienne extrêmement amicale ; elle m’envoie une lettre pour une de ses cousines, mariée à Copenhague, me parle beaucoup de son amitié, etc… ; l’autre du vieil évêque : elle m’a paru un peu froide ; il est vrai qu’il n’avait pas reçu la mienne ; mais son style m’a paru se ressentir un peu du passage des voyageurs italiens à Munich. Au surplus, je puis me tromper ; ainsi ne lui en parlez pas. — Ma journée d’hier s’est passée assez désagréablement, mais elle avance mon projet, et tout m’est bon pour parvenir à ce but ; on boude excessivement, on pousse l’impolitesse jusqu’à l’insolence ; enfin, si la neige retarde notre départ, ce ne sera pas pour longtemps, et c’est là tout ce que je demande. Je compte, à Copenhague, suivre un tout autre plan qu’ici et, loin d’attendre qu’on me fasse des avances, me jeter à la tête des gens à coups de poings. — La vieille lady Clifford est venue chez moi hier au soir, ce qui est une grande faveur, puisqu’elle ne sort jamais ; mais elle dit que je lui plais, et j’en suis charmée, parce qu’elle paraît bonne et aimable. J’irai chez elle ce soir ; je suis très flattée d’avoir le vote des vieilles femmes, surtout quand elles ressemblent à lady Clifford. J’irai demain à ce maudit déjeuner. Malgré la neige, on dit qu’il y aura cent personnes ; cette nouvelle m’a décidée à mettre un habit de cheval et à ne pas chanter : j’aurai un rhume et, qui pis est, une cravate ; de cette manière, je serai dans