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CORRESPONDANCE

duc de Guines qui m’a fait mille politesses et qui m’a plu beaucoup. D’après les opinions que j’ai entendu soutenir à la maîtresse de la maison, sa liaison avec l’envoyé français m’a paru moins extraordinaire ; je vous assure que le ton d’Altona ne ressemble guère à celui de George street ; j’imagine que cela tient à un intercourse familier avec des gens d’une autre opinion qui osent l’énoncer. J’avoue que je suis trop encroûtée (comme dit madame de Genlis) pour que ces manières-là ne me déplaisent pas excessivement. — J’espère que nous partirons jeudi. À cet effet, je vais ce soir chez lady Clifford. — Madame la duchesse d’Havré et sa fille sont venues chez moi hier au soir. Madame de Solre m’a témoigné un vif désir d’entendre mademoiselle Guenêt, et, comme elle vient chez moi demain, j’ai proposé à ces dames d’être de la partie, ce qu’elles ont accepté. Ainsi, je les attends demain : je ne suis pas bien décidée à chanter moi-même ; cela dépendra beaucoup de la fantaisie du moment. J’ai accepté ce matin un dîner que donne le colonel Dillon à tout ce qu’il y a de fashionable à Altona, c’est-à-dire en anglais. C’est pour dimanche. — On dit que l’Elbe ne dégèlera pas de plusieurs semaines, mais je laisserai le petit paquet que je vous destine chez monsieur Gossler qui se chargera de vous le faire parvenir. Vous recevrez en même temps, ou par quelque autre voie, une demi-douzaine de shawls dont je vous prie de disposer avec les speeches que vous croirez devoir convenir aux personnes que vous choisirez et dont Émilie et Dorothée sont les seules dont je vous demande la nomination. — Vous saviez déjà, chère maman, ce que je vous ai mandé sur le compte de mon aimable amie ; peut-être à l’heure qu’il est vous a-t-elle dit tout son chagrin, et je vous demande de la traiter comme mon amie. Oh ! c’est bien maintenant que je la plains véritablement et mon