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CORRESPONDANCE

je suis bien piquée de ne l’avoir pas vu. — Monsieur de Boigne paraît peu content des prix de ce pays ci ; il nous en a coûté 30 guinées pour passer quatre jours à l’auberge, et la livre sterling ne vaut ici que 16 shillings ! Elle n’en a valu que 11. — Bonsoir pour aujourd’hui.


Mardi 10.

Je ne vous ai pas écrit plus longuement hier parce que j’avais une migraine horrible. À peine, cependant je posais ma plume qu’on est venu m’annoncer monsieur le duc d’Havré et madame la princesse de ***, sa fille dont je ne sais pas encore le nom. J’ai été aussi polie que ma migraine me l’a permis et la princesse m’a paru charmante. J’irai ce soir lui rendre sa visite. — On ne fixe point encore le jour de notre départ ; on a reçu hier une lettre qu’on prétend venir de Berne ; on désirerait me donner à entendre qu’elle est écrite par un individu de la respectable famille, mais je suis d’une discrétion insoutenable : assurément, au moins, on ne m’accusera pas de curiosité ! D’ailleurs, à quoi serviraient des questions auxquelles il ne répondrait que de la manière qui lui conviendrait. — Continuez, ma chère maman, je vous en prie, à envoyer vos lettres chez monsieur Johnson. Le général lui écrira à ce sujet. Je ne vous ai donné l’adresse de messieurs Gossler qu’afin que vous puissiez en faire usage dans un cas pressé. — Si je ne connaissais la prestesse avec laquelle les gazettes anglaises donnent les nouvelles, je vous dirais que Masséna a été battu, qu’il a perdu 5000 hommes et a été fait prisonnier ; mais je sais trop bien que les nouvelles publiques précèdent de beaucoup les particulières. — Il est inutile que je vous dise qu’on ne voit pas mes lettres ; ce m’est une grande consolation de pouvoir vous parler