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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

philosophiques et les plus gaies : jusqu’à présent, il m’amusait ; j’en avalais un volume en deux heures à peine ; à présent, en lirais-je dix pages dans le même temps ? voilà pourtant ce que je ne faisais pas à quatorze ans ! — Je chercherai à me procurer les petits Émigrés ; la lettre 43e ne sera pas oubliée : — Le futur s’appelle Colnbrook. Je n’ai point vu la demoiselle ni n’aurai probablement cet honneur, attendu que, fort décidée à répondre à toutes les avances qu’on me fera, je le suis également à n’en point faire ici. Depuis trois jours, je suis sur les charbons ; enfin, j’apprends que la personne qui m’y tenait n’est autre que Henry Dillon qui a la bonté de m’appeler sa très proche parente.


Lundi 9.

Mademoiselle Guenêt est venue ce matin chez moi, et j’en ai été fort contente : elle a chanté comme un ange et votre Adèle comme un petit cochon. Elle doit revenir vendredi avec un accompagnateur, et, d’ici là, je compte employer à profit le temps qui me reste, d’autant plus que je me suis procuré un piano-forte assez passable. Je vous dirai avec la même bonne foi si mes efforts sont un peu couronnés de succès. Ce maudit Damiani, je crois, m’a été bien nuisible ! Depuis que je suis à Altona, je n’ai pas encore quitté ma tanière, mais je compte aller courir demain ; ce n’est pas qu’il y ait grand chose à voir ici. On m’a même dit qu’il n’y a rien du tout de curieux. — Je vous ai dit, dans ma dernière lettre, que j’attendais madame de Lorraine. Obligée de quitter l’auberge pour venir ici, j’y ai laissé un petit billet aussi poli qu’il m’a été possible pour m’excuser ; je sais qu’elle l’a reçu peu d’instants après. — On donne au théâtre allemand à Hambourg l’opéra de la Flûte enchantée ;