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CORRESPONDANCE

cela vaut mieux, je trouve, que la plupart des amusements et, d’ailleurs, je n’en ai pas d’autres. — Monsieur de Boigne me parait avoir l’intention de prendre un lodging à Altona ; alors j’imagine que nous serons dans l’émigration jusqu’au col. — Que je plains notre pauvre amie ! je conçois bien que monsieur O. doit souffrir d’avoir à dissimuler un chagrin aussi légitime, mais aussi il serait cruel de donner une pareille nouvelle à cette intéressante femme avant qu’elle fût confirmée. Parlez de moi à tous les gens qui ont la bonté de s’y intéresser. — Adieu, maman ; je vous quitte pour écrire au vieil évêque et à cette pauvre Dorothée dont je viens de recevoir une lettre bien triste ; je vais l’engager à vous communiquer les causes de son chagrin et, quand elle sera à Londres, je vous engage à la traiter avec bonté : ne peut-il donc y avoir de bonheur en ce monde ? Aurez-vous la bonté de dire à George de s’arranger avec John pour payer la pension de Céva ? Au moment de mon départ de Londres, je n’ai pas pensé à la pauvre bête. Je veux qu’elle reste avec le cocher. — Adieu, mes adorés amis ; je vous quitte, mais, demain, je recommencerai mon bavardage. Ne soyez pas inquiets si vous n’avez pas de lettres, mais accusez tout l’univers plutôt que la négligence de votre Adèle.


Hambourg, jeudi 5 décembre.

Je ne vous ai point écrit hier, ma chère maman, parce que j’ai passé la plus grande partie de la matinée à écrire à mon oncle et à la comtesse Louise de Werthern, à qui j’ai simplement fait part de mon arrivée en Allemagne, en leur parlant du chagrin que ce voyage me cause et