à Hambourg où je finirai ma lettre. J’ai trop étudié la girouette pour en espérer de vous ; mais, si je calcule bien, vous devez savoir mon arrivée en Allemagne aujourd’hui ou lundi au plus tard.
Nous voici encore, et cet encore est bien fatigant. — Ce matin, nous avons remonté l’Elbe jusqu’à Harburg qui est à un mille d’Allemagne plus haut que Hambourg ; là, nous nous sommes embarqués et, par un temps de mois de juin, nous avons redescendu la rivière jusqu’à Altona d’où, par terre, nous sommes arrivés ici, il y a environ un quart d’heure. Le coup d’œil que j’ai tant entendu vanter ne m’a paru rien moins que beau : les maisons sont affreuses, le pays plat et démeublé, la charmante Altona me semble un vilain trou et Hambourg est effroyable ; voilà tout ce que m’ont inspiré les nouvelles connaissances que je fais et qui ne servent qu’à me faire regretter tout ce que j’ai perdu. Il est possible que la mauvaise disposition de mon esprit me fasse paraître tout plus désagréable que cela n’est ; mais il me semble que jamais je n’ai autant souffert de fatigue et d’incommodité. Avant-hier, je partageais ma chambre à coucher avec des cochons, des bœufs, des chevaux et, qui pis est, des fumeurs de tabac, etc… — J’ignore encore la conduite que je tiendrai vis-à-vis de la colonie d’Altona. Monsieur de B. a une lettre pour le baron de Breteuil. Ou je ne verrai pas mesdames ses filles, ou, assurément, elles n’auront pas à se plaindre de moi, car je suis déterminée à y mettre toute la coquetterie possible. Je ne doute pas qu’elles ne soient prévenues contre moi, mais je chercherai à détromper ces dames sur la fausse impression qu’on doit leur avoir donnée. — Adieu, mes bons et chers amis ; ma