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CORRESPONDANCE

Dimanche matin,
[17 novembre].

Hier, à trois heures, monsieur Hammond, après bien des difficultés fondées sur ce que monsieur Hunter, things messenger, devant passer sur son bord, il ne lui était pas permis de prendre des voitures ni aucun bagage qui pût le retarder, est venu nous dire qu’il voulait bien nous emmener à condition que nous serions prêts à mettre la voile à neuf heures ce matin. D’après cela, je vous avais écrit une grande lettre hier au soir que je supprime comme au moins inutile parce que, le vent s’étant opposé à cet arrangement, Dieu sait le temps que nous resterons ici. Pazienza ! ce n’est pas qu’une fois décidé il me semble que le plus tôt est le mieux : nos voitures sont embarquées et il faut que nous nous tenions prêts à partir au premier signal, fût-ce au milieu de la nuit parce que la présence de monsieur Hunter empêche d’attendre qui que ce soit quand le vent [favorise]. On dit que ce packet boat n’est qu’à un mât et paraît fort petit ; néanmoins, la propriété de la seconde cabine pour le passage coûte vingt-cinq guinées, ce qui me paraît bien cher. En outre, on paie deux guinées pour chaque man servant et une guinée par tête pour la nourriture. Un passage ordinaire coûte trois guinées par tête. Il est vrai que, pour me consoler, le capitaine m’a assuré qu’on était souvent trois jours en mer et, quand monsieur de B. lui a proposé, en plaisantant, de s’engager à me remettre à Cuxhaven en trois jours, il a répondu qu’il ferait de son mieux, mais que, dans cette saison, nothing was more unlikely. Enfin, puisque le sort en est jeté, peu importe ; ce n’est pas, je l’avoue, que l’idée de ce maudit mal de mer si fatigant, si acca-