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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

si le temps le permet. Au surplus, le capitaine Hammond (de la Princesse Royale) doit venir parler à monsieur de Boigne ce matin ; ainsi, nous saurons mieux alors ce à quoi nous sommes destinés. On dit que le vent est contre nous. Ainsi, je voudrais que vous continuiez à m’écrire à Yarmouth, to the care of Messrs Gurney and Turner, bankers, jusqu’à ce que vous me sachiez positivement embarquée. Après quoi, je voudrais que vous m’adressassiez vos lettres chez MM. Berenberg, Goplot ard C°, merchants, Hamburgh, et que vous les envoyassiez à la banque de Stratford place. S’il vient des lettres pour moi à Portland place, je vous prie, cher papa, de me les faire parvenir par la même voie. — Auriez-vous la bonté de dire à George de payer à Pérignon un petit mémoire que j’ai oublié et de faire porter chez madame Le Vassor le petit piano qui est dans la salle à manger ? — Yarmouth est, selon moi, la plus vilaine ville que j’ai jamais vue : il fait si horriblement crotté que je n’ai pas le courage de sortir, quoique nous soyons dans une bien vilaine auberge et bien incommodément, assurément. — Il y a ici seize mille russes blessés : j’en ai vu quelques-uns qui paraissent de beaux hommes mais bien mal tenus. — Nous avons rencontré sur la route un bon nombre de nos anciens amis de Ramsgate. — Adieu, cher papa, je ne fermerai ma lettre que demain puisqu’aujourd’hui elle ne partirait pas, et j’imagine qu’alors je pourrai vous dire le quand et le comment de notre embarcation, car monsieur de B. attend encore le capitaine Hammond. C’est avec la tendresse la plus vive que j’embrasse tous vous autres que j’aime plus que moi-même. — Je ne cachetterai ma lettre que demain matin : ainsi, si vous la recevez, ce sera la preuve que je suis embarquée.