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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

Lowestoft, vendredi,
[15 novembre].

Nous n’avons pu quitter Sanmeendham que ce matin, ma chère maman, et je vous écris dans une petite ville, à dix milles de Yarmouth, parce que, sans cela, ma lettre ne pourrait poster que demain. — Il n’y a pas de feu, et j’ai si froid qu’à peine je peux tenir ma plume. — La vue de la mer vient de me faire un mal au cœur horrible. J’avoue que cela n’est pas trop raisonnable. Demain, je vous manderai les détails relatifs à notre embarcation que je redoute excessivement, car je ne me sens pas le cœur au ventre, comme dit papa. — J’espère apprendre ce soir que vous avez supporté la cruelle scène de mardi avec votre courage accoutumé. — Le pays que nous avons traversé jusqu’à présent est superbe ; il y a une quantité énorme de seats, dont quelques-uns dans un très grand genre. — Dites mille choses au bon abbé ; j’embrasse père, mère et frère. — Adieu, je ne peux plus tenir au froid qui me gèle d’autant plus qu’avec la prétention d’allumer un feu de charbon mouillé dans une cheminée, on a été obligé d’ouvrir portes et fenêtres. — Adieu, mes bons amis.


Yarmouth, samedi
[16 novembre].

Merci, mon cher papa, de vos trois lettres que j’ai reçues toutes en même temps. Monsieur de Boigne m’a dit, d’après les questions que je lui ai faites de votre part, que son intention était d’aller d’Hambourg à Copenhague, à Berlin, à Dresde, à Vienne, à Munich