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LETTRES
ADRESSÉES PAR LA COMTESSE DE BOIGNE
AU MARQUIS, À LA MARQUISE
ET À RAINULPHE D’OSMOND
(12 NOVEMBRE 1799-30 MAI 1800)[1]

Ingatston, tuesday à 9 h.
[12 novembre 1799.]

Déjà vingt-quatre mille me séparent de vous, oh ! mes excellents amis, et, chaque jour, cette cruelle distance va s’accroître de plus en plus. Cette idée me désespère :

  1. En adressant à son père, à sa mère et à son frère la relation presque quotidienne d’un voyage auquel elle consacre quelques lignes seulement dans ses Mémoires (T. I, p. 145-6), la comtesse de Boigne ne dissimule plus des déceptions conjugales dues, sans doute, à une trop grande différence d’âge, à une différence trop grande aussi dans les goûts et le caractère. La tendresse débordante qu’elle témoigne aux siens ne permet cependant pas de la suspecter de sécheresse de cœur. Malgré ses déceptions intimes et bien qu’elle n’eût alors que dix-neuf ans, la comtesse de Boigne s’intéressait déjà au mouvement littéraire, aux problèmes si complexes de la politique, appréciant avec une surprenante précocité de jugement les événements d’alors, soit qu’elle se trouvât à Hambourg « où l’émigration régnait sous le sceptre de madame de Vaudémont », soit qu’elle se rendît à Munich « peuplé alors des restes de l’armée de Condé ».

    En publiant une correspondance qui appartient également à mademoiselle Osmonde d’Osmond, en ajoutant ainsi une nouvelle partie à l’œuvre de la comtesse de Boigne, nous estimons ne pouvoir fournir de portrait plus exact, plus sincère de l’auteur des Récits d’une tante et des Fragments. Il ne nous appartient pas de commenter ce portrait : il nous suffit de le présenter. (Note des Éditeurs.)