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CHUTE DE LA MONARCHIE D’ORLÉANS

C’est dans ces conjonctures que le Roi disait tristement, aux personnes cherchant à former des liens que lui-même désirait nouer : « Madame Hélène n’est pas commode tous les jours. »

L’affaiblissement de la maladie ne lui permit pas de faire acte de volonté positive, et sa mort laissa un libre cours aux tendances révolutionnaires de ceux qui survivaient.

Quelques mois plus tard, monsieur de Metternich disait : « Nous n’avons en Allemagne que trois princesses ayant de l’esprit, et elles en ont beaucoup assurément ; mais toutes les trois sont folles à lier. » Celles qu’il désignait par là étaient la duchesse d’Orléans, la reine de Hollande et la princesse royale de Prusse.

À peine la pauvre Reine eut-elle fermé les yeux du Roi qu’elle fut appelée à Ostende pour recevoir le dernier soupir de sa fille bien-aimée, la reine des Belges.

Le désir de revoir ses petits-enfants et le roi Léopold la ramenèrent à Bruxelles, au commencement de l’été de 1851, et je profitai de son séjour à Laeken, pour me rendre auprès d’elle.

Elle me reçut avec une effusion, un attendrissement dont je fus profondément touchée.

Les premiers moments d’émotion passés, la conversation s’engagea avec la parfaite confiance qu’elle me témoignait autrefois. Cependant, elle débuta par me faire l’éloge du dévouement si touchant, montré par son cher Montpensier pour le Roi, au départ des Tuileries, et de l’énergie déployée par sa courageuse belle-fille, ainsi qu’elle la qualifiait.

Je compris tout de suite qu’elle allait au-devant de reproches trop mérités, et je fus confirmée, dans cette pensée lorsqu’elle me répéta les deux mêmes couplets le lendemain. Il n’y aurait eu aucune utilité à la contrarier à ce sujet, et je l’ai laissée passer en silence.