çant à se rendre à Eu par Rouen. Le préfet les conduisit chez un petit propriétaire dont il était sûr ; celui-ci les mena d’étape en étape et avec des chevaux de labour jusqu’à la côte.
Monsieur de Perthuis, aide de camp du Roi, l’avait rejoint à Dreux. Son fils, officier de marine, se trouvait au Havre. Il s’y transporta. Il était convenu que le paquebot anglais partant du Havre s’arrêterait en mer et que le Roi le rejoindrait dans une barque sortie d’un des petits ports les plus voisins. Un coup de vent effroyable s’opposa à l’exécution de ce projet.
Le Roi passa trois jours sur la côte, entre Honfleur et Trouville, sans pouvoir trouver un pêcheur voulant prendre la mer. La Reine était cachée à Honfleur dans la maison de monsieur de Perthuis.
Deux bourgeois de Trouville, avec beaucoup de dévouement et d’intelligence, réussirent enfin à faire passer le couple royal sur le bateau à vapeur d’Honfleur au Havre.
Le jeune de Perthuis, avec quelques marins de son bord, les attendait sur le quai. Le bateau anglais chauffait déjà ; ils s’embarquèrent sur-le-champ, et les personnes qui les avaient accompagnés eurent le triste soulagement de les voir s’éloigner sans être reconnus.
Je ne sais aucun détail particulier sur l’odyssée des autres membres de la famille royale, ni des ministres. Tous eurent la bonne fortune de s’échapper, sans avoir rencontré le zèle de ces fonctionnaires subalternes, si fatal aux proscrits.
La position des personnes demeurées à Paris n’était guère plus enviable.
Le courage et l’éloquence de monsieur de Lamartine avaient écarté, pour un jour, le danger immédiat du drapeau rouge et de la république sanglante. Mais le cœur