CHAPITRE iv
Au mois de janvier 1790, mon père retourna en France. Trois mois après, nous l’y rejoignîmes. J’ai oublié de dire qu’il avait quitté l’armée, en 1788, pour entrer dans la carrière diplomatique. Préalablement, il avait été colonel du régiment de Barrois infanterie, en garnison en Corse. Il y allait tous les ans.
Un de ces voyages donna lieu à un épisode bien peu important alors, mais qui est devenu piquant depuis. Il était à Toulon logé chez monsieur Malouet, intendant de la marine et son ami, attendant que le vent changeât et lui permit de s’embarquer, lorsqu’on lui annonça un gentilhomme corse demandant à le voir. Il le fit entrer ; après quelques politesses réciproques, ce monsieur lui dit qu’il désirait retourner le plus promptement possible à Ajaccio, que, la seule felouque qui fût dans le port étant nolisée par mon père, il le priait de permettre au patron de l’y laisser prendre son passage :
« Cela m’est impossible, monsieur, la felouque est à