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AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS

breuses, diverses et jamais déguisées. Il faut se rappeler qu’elle est née le 19 février 1781, pendant les derniers beaux jours de la brillante et majestueuse Cour de Versailles, qu’elle a grandi hors de France pendant la tourmente révolutionnaire, qu’elle est rentrée à Paris pour assister aux grands événements de l’Empire et s’y trouver parfois mêlée, qu’elle a vieilli pendant la période incertaine de la Restauration pour mourir le 6 mai 1866, pendant l’épanouissement du second Empire. Ayant, au cours de sa longue existence, connu les divers régimes de gouvernement, avec quelques transformations pour chacun d’eux, et malgré une instinctive préférence pour le régime de sa première jeunesse, malgré son respect de la tradition, ses impressions se modifièrent nécessairement et ses appréciations aussi. Elle le reconnaît, le signale à plusieurs reprises et, notamment, en ces termes : « Dans tout le cours de ces récits, j’ai cherché à me garder de présenter les événements tels que la suite me les a fait juger et à les montrer sous l’aspect où on les envisageait dans le moment même ». Sans prétendre parvenir à l’impartialité, elle s’est donc efforcée de l’approcher dans la mesure où elle le croyait possible. S’il est permis de ne pas adopter toutes ses appréciations qu’elle ne songeait pas à tempérer par de l’indulgence, on ne peut lui savoir mauvais gré d’exprimer nettement ses préférences.

Elle n’a pas seulement rédigé ses mémoires, elle a composé des romans ; elle a, enfin, beaucoup écrit et pendant toute sa vie. Il serait certainement fort intéressant de rechercher, réunir et publier sa correspondance.

À défaut de cette correspondance, nous en donnons quelques fragments et nous ajoutons à ce premier