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APPENDICE v

vous, mais vous ne pouvez trouver extraordinaire que je veuille savoir vos projets et qu’avant de les connaître je soumette quelques réflexions à votre jugement. — Quoique vous m’ayez toujours promis d’améliorer mon sort à la vente de Beauregard, les circonstances actuelles font que je ne demande aucune augmentation à la somme à laquelle vous aviez fixé ma dépense il y a quinze mois ; mais je vous représenterai que, si vous en diminuiez une partie, non seulement mon sort ne serait pas amélioré, mais il serait fort empiré, et vous le comprendrez facilement si vous voulez calculer que l’entretien et les charges de Chatenay, en y mettant la plus stricte économie, ne peut pas être estimé à moins de six mille francs ; ajoutez à cela le revenu de Beauregard que vous estimiez huit mille francs dans mon revenu et qui peut se calculer à six, ensuite les frais de déménagement qui s’élèveront au moins à deux mille francs et vous verrez que, même en me continuant la totalité des 50 m. frs que vous aviez assignés aux frais de mon établissement, je serai bien plus mal à mon aise cette année que la précédente, et qu’il me faudra même chercher le moyen de faire quelque économie, car je suis arrivée au premier octobre avec cent dix francs en caisse ; il est vrai que le loyer de cette maison était payé pour six mois, mais il y avait d’autres dépenses telles que médecin, apothicaire, etc. qui devaient compenser cette différence. — Voilà, mon cher ami, les réflexions que je désirais vous soumettre et que je vous prie de peser avec bonté et sagesse ; je crois que vous penserez qu’avec la charge de deux maisons qui s’élève à 13 m. frs au moins, le revenu que je souhaite que vous me confirmiez n’est pas exagéré : vous l’avez jugé raisonnable et vous l’avez fixé vous-même il y a quinze mois. Je ne vois pas en quoi j’aurais mérité depuis qu’il fut retranché, et, quant à votre position pécuniaire, elle est plutôt améliorée depuis ce temps, d’abord par la vente de Beauregard et puis par le change qui est un peu moins mauvais qu’à cette époque. — Au reste, mon cher ami, je le répète, je m’en remets à votre volonté ; tout ce que je veux c’est d’éviter une discussion pénible. J’aime à croire que votre décision sera