Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome I 1921.djvu/433

Cette page a été validée par deux contributeurs.

v

Lettre de madame de Boigne au général de Boigne.


Paris, 24 novembre 1812.

Vous me répondez toujours avec tant de dureté, mon cher ami, toutes les fois que je vous parle de moi, et cette dureté m’est si pénible que, quoique sous le même toit, je préfère vous écrire à m’exposer à une discussion qui dégénère toujours en personnalités offensantes qui ne servent qu’à nous aigrir mutuellement l’un contre l’autre, au lieu de remplir le but que je me suis toujours proposé qui serait, au contraire, de concilier, autant que possible, les différends qui se sont élevés entre nous. — Lors de votre arrivée ici, j’ai cru devoir vous faire part de ce que je désirais que vous fissiez pour moi ; il m’a paru que cette manière simple et loyale était celle qui devait régner entre nous et qui convenait le mieux à nos caractères. — Depuis, vous avez obtempéré à une partie de mes demandes, vous vous êtes refusé aux autres ; je ne reviens pas là-dessus, je sais parfaitement que je n’ai d’autres droits à faire valoir que ceux donnés par l’honnêteté et la délicatesse. Aujourd’hui, je vois les apprêts de votre départ et, quoique je ne souscrive pas à l’obligeant désir que vous m’avez exprimé de ne plus me revoir, cependant je sens que, pour le moment, ma présence à Buissonrond serait aussi incommode pour vous qu’inconvenante pour moi. Ainsi, je ne puis fixer un terme à cette absence que je m’empresserai d’abréger dès que vous m’en témoignerez le plus léger désir ; mais, avant qu’elle commence, je souhaiterais savoir quelles sont vos intentions relativement à ma position pécuniaire : je ne prétends élever aucune difficulté ni même en discuter avec