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APPENDICE iii

engage seulement à avoir la bonté de me mander si vous entendez parler de pareils chevaux ; quant au groom, je vous prie d’en arréter un si vous en trouvez que vous jugiez devoir me convenir ; il doit, pour le moment, au moins, soigner trois chevaux. — Je voudrais bien, mon cher papa, que vous ne négligeassiez pas votre santé ; vous savez combien elle est nécessaire à notre bonheur ; vous voyez que je sais rétorquer les arguments et, assurément, c’est avec vérité. Maman me mande aussi qu’elle est bien souffrante ; au surplus, j’espère m’informer en personne de la santé de tous les deux de mardi en huit au plus tard. Je me flatte que vous serez à Londres pour me well come. Je crois que vous me trouverez engraissée ; mais j’avertis maman que je suis presque noire, quoique j’aie toujours porté un immense shade vert dont le reflet me rend horrible. — Je suis bien fâchée du désappointement que doit éprouver Monsieur après avoir annoncé son départ d’une manière aussi authentique ; ce retard doit fort lui déplaire. Je m’attendais au ministre de la Guerre, mais j’avoue que l’ambassadeur en Angleterre m’a plaisamment surprise. Au surplus ! par le temps qui court… — Nous avons, à sa grande joie, je crois, rencontré hier monsieur Gauthier dans un landau très élégant ; il avait précédemment demandé à Rainulphe des nouvelles de la chère sœur ; son séjour ici me fait présumer que sa femme est mieux, et j’en suis charmée. — Je ferai la commission que vous me donnez, ma chère maman, mais je crois que je ferais bien de vous apporter vos mantelets moi-même, attendu qu’il ne vaut guère la peine de les envoyer par le stage afin qu’ils parviennent deux ou trois jours plus tôt ; donnez moi vos ordres à ce sujet. — À propos, je suis fâchée pour maman qu’elle perde Martha, parce que son service lui était agréable ; mais il faut avouer qu’honnête fille, du reste, elle a un caractère terrible. C’est donc une nouvelle querelle, car Negri et elles étaient, je crois, raccommodées quand nous avons quitté Londres ? — J’ai fait, contre monsieur de Boigne, le pari d’apprendre par cœur cinq cents vers des Géorgiques d’ici à samedi ; il m’a fait les conditions tellement dures que j’ai presque peur de perdre ;