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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

mais, au bout de quelques milles, la nuit baissant, nous l’avons repris avec nous, et, Richard conduisant le poney, nous sommes arrivés ici vers dix heures, bien fatigués, mais assez amusés. — Sans doute, mon cher papa, il me faut un groom et un groom prudent, mais c’est surtout un joli cheval que je désire ; cependant je vous serais obligée à chercher tous les deux. Monsieur de Boigne a écrit à monsieur Angels au même sujet ; seulement il lui recommande de lui chercher un cheval pour lui et un autre de suite qu’il désirerait tous les deux noirs ; ainsi, si vous voyez pareilles bêtes, pensez à nous : il vous en prie ainsi que moi. — Je ne conçois pas que la mousseline, mise au stage lundi au soir, ne soit pas encore parvenue ; je verrai ce qu’on peut faire la dessus. — Monsieur de Boigne vient d’aller à la librairie ; j’ai des raisons particulières pour désirer que vous fassiez la commission que je vous ai donnée hier avant mon retour à Londres ; je ne veux pas avoir l’air d’y avoir influé. — Monsieur de Boigne a reçu une réponse de la dame qui est un chef d’œuvre d’artifice : elle trouve le moyen de tourner toutes les injures qu’il lui a dites en autant de compliments. L’abbé vous en parle en détail ; pourquoi ne lui mandez-vous pas si vous approuvez ou non ma petite vengeance ? — Adieu, mon cher papa, je ne pourrai pas causer avec toi demain ; ainsi j’embrasse maman et toi pour deux jours. Adieu ; je finis vite pour cacheter ma lettre.


dimanche, 25 août.

Je n’ai pas pu faire votre commission vis-à-vis de monsieur Cruise parce qu’il n’est plus ici, mais je vous avertis, qu’il est à Londres ce matin et je crois que c’est pour peu de jours ; ainsi plus tôt on le consultera et moins on courra risque de le manquer. — Dites à monsieur de Calonne que je suis bien fâchée de n’avoir pas pu exécuter sa commission et d’une manière plus satisfaisante et faites lui tous mes plus tendres compliments. — Je vous prie, mon cher papa, de prendre la charge entière de m’acheter un cheval ; quant aux deux autres dont je vous parlais dans ma dernière lettre, je vous