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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

est très bien aujourd’hui et le redoublement que nous craignions hier n’a été que très peu marqué. Le docteur Slater (qui est venu de Margate, envoyé par madame de Fitz-James) a dit que ce n’était rien, et, dans le fait, je crois que, dès demain, le Général pourra reprendre son train de vie habituel. S’il se sent assez de force pour entreprendre cette course, nous comptons aller mercredi à Deal pour y passer la journée et voir la flotte de l’expédition dont le rendez-vous est aux Dunes. On continue d’embarquer tous les jours hommes et chevaux, ce qui n’est pas fort curieux. Les chevaux sont amenés sur le pier, alongside du transport, hissés à bord avec une machine parfaitement semblable à celle dont on se sert pour charger les bateaux en Hollande. — Monsieur de Boigne dit qu’il n’a prêté la Gazette à personne, et il vous prie ainsi que moi de faire dire à Georges de nous l’envoyer ; il ne conçoit pas pourquoi il l’a refusée et, en tout cas, il la veut. Je vous remercie de nous envoyer le Pelletier et le Mallet du Pan que le Général dit n’avoir pas prêté non plus. — Vous me dites qu’on dit beaucoup de choses : je le crois, mais je serais bien curieuse d’en savoir davantage. Madame de Martinville, j’imagine, joue la satisfaction ? Au surplus, cela m’est assez égal maintenant ; je crois que monsieur de Boigne la connaît assez pour faire avorter tous ses mauvais desseins et rendre sa méchanceté impuissante ; ce n’est pas qu’elle n’ait poussé l’astuce et la fausseté jusqu’au point de lui faire croire à son repentir ; c’est une vilaine femme ! Je serais bien aise aussi de savoir ce que ces dames comptent faire de moi ; je sais qu’il y a quelque temps elles disaient qu’elles feraient quelque chose de moi ; en ont-elles toujours aussi bonne opinion et leur intention est-elle toujours de travailler à m’improuver ? Je crains qu’elles ne me trouvent un sujet bien rétif et, en conscience, je n’ai pas un vif désir de profiter de leurs leçons. Au surplus, je suivrai vos instructions en ne témoignant aucuns ressentiments de toutes les injures dont on m’a accablée dans cette société ; je pardonnerai tout, jusqu’à l’ingratitude. Assurément, j’en ai été assez dédommagée par les bontés de mes amis et les hommages dont m’ont