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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

que madame O’Connell m’avait prêtés ; il m’a aussi avancé trente louis de mon pin money que je lui rembourserai à mon retour à Londres ; ainsi, vous voyez que je suis à flot et que, si maman a des mémoires à moi, elle peut les garder jusqu’à ce que j’arrive, attendu que je peux les payer. — J’imagine que nous saurons incessamment la destination des malheureux qui s’embarquent ici : quarante transports remplis d’hommes ont mis à la voile depuis hier ; ils ont été aux Dunes pour se réunir à leur escorte ; voilà tout ce que je sais de cette expédition dont vous saurez probablement l’exécution longtemps avant nous. — Je ne sais pas ce que maman entend par ce qu’elle a fait pour nous procurer les gazettes, mais, si cela n’est pas possible, j’y renonce. — Je prie maman de m’envoyer, en même temps que mes souliers, quelques robes blanches, celles dont elle sait que je préfère la forme, des bas de soie blanche et des fichus. — Je ne comptais pas vous écrire aujourd’hui, mais voilà mon papier presque rempli et, d’ailleurs, je ne veux pas vous laisser dans l’opinion que je n’ai pas reçu vos lettres, car l’abbé a fermé la sienne de si bonne heure que la poste n’était pas encore arrivée. — Il fait un temps déplorable : depuis trois jours, la pluie n’a cessé qu’une heure ce matin ; j’en ai profité pour monter à cheval. — Monsieur de Boigne est très souffrant. Il vient de se jeter sur son lit pendant une heure et il dit qu’il est mieux. — J’embrasse maman et vous bien tendrement. L’abbé et Rainulphe se portent très bien et je suis très contente de la mine du dernier que j’espère que vous trouverez impaved. — Le Général me charge de vous mander qu’il ne négligera rien pour mériter de plus en plus votre bonne opinion. — Mille amitiés à Édouard et à Émilie. Vous ne me parlez pas de la santé de monsieur de Calonne à laquelle je ne suis pas assez ingrate pour ne pas m’intéresser vivement ; faites lui mille tendres compliments pour moi. Adieu.


samedi, 10 août.

Je vous mandais hier que monsieur de Boigne était très