Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome I 1921.djvu/403

Cette page a été validée par deux contributeurs.
396
MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

des États Généraux. Leur première convocation ne provoquera probablement pas le bien que nous désirons tous avec une égale ardeur ; mais la seconde, selon les circonstances plus rapprochée que les suivantes, consacrera pour toujours les principes invariables sur lesquels il est temps de fixer l’opinion.

« Pour terminer les affaires qui vous intéressent, il serait heureux de jouir d’une profonde tranquillité, mais il ne convient point aux Français qu’elle soit accompagnée de crainte.

« Les peuples, jaloux des avantages dont nous jouissons, chercheront à profiter des divisions qu’ils s’exagèrent pour nous attaquer avec succès si notre réunion franche et loyale ne commande pas le respect qui nous est dû.

« La dernière révolution opérée en Hollande par les armées prussiennes jointes aux intrigues de l’Angleterre a singulièrement dérangé la balance politique de l’Europe. Les influences de cet événement m’imposent l’obligation de rendre à la République la liberté d’effectuer les engagements qu’elle a contractés envers moi. Demain, mon armée se porte sur la Hollande. J’ai tout lieu de croire que cette démarche indispensable ne sera le motif d’aucune guerre. Cependant, si (contre les apparences) l’injustice nous contraignait à prendre la voie des armes, j’appellerais mes enfants ; nous redoublerions d’énergie et (en soumettant cordialement les principes de notre constitution au flambeau des lumières amoncelées par les siècles tandis que nous forcerions nos ennemis à solliciter la paix) nous porterions au plus haut degré la gloire du nom français. »




(Note ajoutée par la comtesse de Boigne.)

On trouve dans les Mémoires de l’empereur Napoléon, publiés en 1825, des pages qui ont une complète analogie de vues avec les idées émises dans la note écrite par M. le marquis d’Osmond, en mai 1788, pour être remise à M. l’archevêque de Sens. On pourra en juger par les passages suivants :