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APPENDICES

i

Note du marquis d’Osmond, pour être remise à l’archevêque de Sens, en mai 1788.


J’ai souvent, dans ces écritures, indiqué mon père comme n’étant aucunement séduit par les utopies du jeune et brillant groupe des Talleyrand, des Lauzun, des Lameth, des Narbonne, des Loménie, des Choiseul, etc…, avec lesquels il vivait intimement, et de son opposition hostile aux démolisseurs de 1789. Toutefois, son bon esprit lui faisait admettre la nécessité de grandes concessions aux tendances du siècle, et la perspicacité de son jugement lui indiquait la guerre comme un moyen dérivatif à la fièvre révolutionnaire bouillonnant dans les veines de la France : le très bon état de l’année devait la faire espérer heureuse. Cet expédient réussit presque toujours dans notre belliqueuse patrie. Mon père y voyait un moyen de salut à la condition d’employer le calme comparatif qui en pourrait résulter à créer immédiatement des institutions de nature à satisfaire aux besoins réels du pays, venant d’en haut et fortifiant sans détruire. Je lui ai souvent entendu soutenir cette thèse pendant l’émigration vis-à-vis de ce qu’on appelait alors les constituants : les Lally, les Monier, les Malouet, etc., ceux enfin que les émigrés purs qualifiaient de scélérats