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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

tations, en éliminant ceux qui ne devaient pas être priés, de façon que la non-invitation avait la disgrâce d’un refus. Madame la Dauphine aurait voulu faire revivre cette étiquette pendant la Restauration, pour les spectacles, assez rares, de la Cour. Mais cela n’a jamais pu reprendre, et personne n’a voulu s’astreindre à aller inscrire son nom avec la chance d’obtenir un refus. On trouvait beaucoup moins désagréable de n’être pas prié que d’être repoussé.

Pour les voyages, les usages variaient selon les résidences. À Rambouillet, où le Roi n’allait que pour peu de jours et seulement avec des hommes, on était reçu comme chez un riche particulier, parfaitement servi et défrayé de tout. À Trianon, où la Reine n’a fait aussi que de rares et courts voyages, avec très peu de monde, c’était de même. À Marly, on était logé, meublé et nourri. Les invités à résidence étaient distribués à diverses tables, tenues par les princes et princesses dans leurs pavillons respectifs, aux frais du Roi. Ensuite on se rendait au grand salon, où c’était tout à fait la Cour.

À Fontainebleau, les invités n’obtenaient qu’un appartement avec les quatre murailles ; il fallait s’y procurer meubles, linge, etc., et s’ingénier pour y vivre. À la vérité, comme tous les ministres et toutes les charges y avaient leurs maisons, et que les princes tenaient une table pour les personnes qui les accompagnaient, on trouvait facilement à se faire prier à dîner et à souper. Mais personne ne s’inquiétait de vous que pour le logement. Quand le château était plein, et une très grande partie était en si mauvais état qu’elle était inhabitable, les invités ou plutôt les admis, car on s’était fait inscrire, étaient distribués dans la ville ; leur nom était écrit à la craie sur la porte, comme à une étape.

Je ne sais si ces logements étaient payés, mais les