que cela se disait exclusivement d’elles. Ensuite il se plaçait devant la cheminée, avec son service autour de lui, tantôt assis, tantôt debout, selon que la goutte le rendait plus ou moins impotent. La porte se rouvrait et nous entrions en procession, tournant tout court à droite, longeant le trône et arrivant devant lui où nous nous arrêtions pour faire une grande révérence.
Lorsqu’il ne nous adressait pas la parole, ce qui arrivait à neuf femmes sur dix, on continuait le défilé et on sortait par la porte donnant dans le salon qui précède la galerie de Diane et qui se désignait comme cabinet du conseil. Lorsque le Roi nous parlait, cela n’allait guère au delà de deux ou trois phrases pour les mieux traitées ; il terminait l’audience par une petite inclination de tête à laquelle nous répondions par une seconde grande révérence et nous suivions la route tracée par nos devancières.
À travers la galerie de Diane et en descendant l’escalier, nous arrivions chez Madame. Comme elle parlait beaucoup plus longuement que le Roi et à tout le monde, il y avait encombrement à sa porte. On finissait cependant avec un peu d’intelligence, et beaucoup de coups de coude, par entrer dans son salon. Elle était debout, placée presque à la hauteur des portes, sa dame d’honneur près d’elle, le reste de son service au fond de la chambre. Elle seule, quoique très parée, était sans manteau de cour. Au bout de très peu de temps elle reconnaissait tout le monde, sans aucune assistance de la dame d’honneur. On s’arrêtait devant elle ; elle disait à chacun ce qui convenait. Le ton seul manquait aux paroles ; avec un peu plus d’aménité elle aurait très bien tenu sa Cour. Lorsque le petit signe de tête annonçait que la conversation, beaucoup plus inégalement prolongée que par le Roi, était finie, on faisait la révérence et on passait chez monsieur le duc d’Angoulême.