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CHAPITRE vi


Première réception du Roi et de Madame. — Costume et étiquette de la Cour pendant la Restauration. — Arrivée de monsieur le duc d’Angoulême et de monsieur le duc de Berry. — Bal chez sir Charles Stewart. — Le duc de Wellington. — Le grand-duc Constantin. — Dispositions de monsieur le duc de Berry. — Préventions contre monsieur de Talleyrand. — Jalousie du comte de Blacas. — Mon père refuse l’ambassade de Vienne. — Sagesse du cardinal Consalvi.

Le Roi reçut les femmes, d’abord celles anciennement présentées, puis nous autres le lendemain. Il me traita avec une bonté particulière, m’appelant sa petite Adèle, me parlant de Bellevue et me disant des douceurs. Il m’a toujours distinguée toutes les fois que je lui ai fait ma cour, quoique j’allasse peu aux Tuileries.

En arrivant chez Madame, sa dame d’honneur, madame de Sérent, me demanda mon nom. Comme elle était fort sourde elle voulait me le faire répéter, Madame lui dit de son ton bref et sec :

« Mais c’est Adèle. »

Je fus très flattée de cette espèce de reconnaissance ; cela n’alla pas plus loin. Elle m’adressa une de ces questions oiseuses à l’usage des princes et qui ne supposait aucun précédent entre nous. Mes rapports avec Madame n’ont jamais été sur un autre pied.

C’est ce même jour, je crois, que la maréchale Ney ayant été faire sa cour, Madame l’appela Aglaé. La maréchale en fut excessivement choquée. Elle y vit une réminiscence du temps où, sa mère étant femme de chambre