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CHAPITRE v


Le Roi part d’Angleterre, — Visite de l’empereur Alexandre à Compiègne. — Son mécontentement. — Monsieur de Talleyrand est mal reçu. — Costume étranger de madame la duchesse d’Angoulême. — Déclaration de Saint-Ouen. — Son succès. — Entrée du Roi. — Attitude de la vieille garde. — Maintien des princes. — Encore l’Opéra.

Enfin la goutte du Roi lui permit de quitter Hartwell. Son voyage à travers l’Angleterre fut accompagné de toutes les fêtes imaginables ; le prince Régent le reçut à Londres avec une magnificence extrême. Pozzo fut envoyé par l’empereur Alexandre pour le complimenter ; il le trouva à bord du yacht anglais où le Roi l’accueillit comme un homme auquel il avait les plus grandes obligations. Il l’accompagna jusqu’à Compiègne et, continuant sa route, vint rendre compte de sa mission à l’Empereur.

Celui-ci partit aussitôt pour faire visite à Louis XVIII, avec l’intention de passer vingt-quatre heures à Compiègne. Il y fut reçu avec une froide étiquette. Le Roi avait recherché, dans sa vaste mémoire, les traditions de ce qui se passait dans les entrevues des souverains étrangers avec les rois de France, pour y être fidèle.

L’Empereur, ne trouvant ni abandon ni cordialité, au lieu de rester à causer en famille comme il le comptait, demanda au bout de peu d’instants à se retirer dans ses appartements. On lui en fit traverser trois ou quatre