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ERREURS DU MARÉCHAL MARMONT

la première et contre les Bourbons dans la seconde, se persuadant qu’il agissait avec grande impartialité. Après le conseil, qui se prolongea jusqu’au point du jour, il fit rentrer les envoyés de Fontainebleau, leur dit qu’il devait consulter ses alliés, et les remit à neuf heures du matin pour obtenir une réponse. On a prétendu qu’il avait déjà connaissance du mouvement d’Essonnes ; cela paraît impossible. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’en donna aucun avertissement, et tous les beaux discours qu’on a prêtés à lui et aux autres maréchaux vis-à-vis de Marmont sont complètement faux.

Les maréchaux se rendirent chez le maréchal Ney pour y attendre l’heure fixée par l’Empereur. Ils y déjeunaient lorsqu’on vint avertir le maréchal Marmont qu’on le demandait ; il sortit un instant, rentra pâle comme la mort ; le maréchal Macdonald lui demanda ce qu’il y avait :

« C’est mon aide de camp qui vient m’avertir que les généraux veulent mettre mon corps d’armée en mouvement ; mais ils ont promis de m’attendre et j’y cours pour tout arrêter. »

Pendant ces rapides paroles, il rattachait son sabre et prenait son chapeau. L’aide de camp était Fabvier : il racontait qu’à peine les maréchaux avaient quitté Essonnes, l’empereur Napoléon avait fait demander Marmont ; un second, puis un troisième message l’avaient mandé à Fontainebleau, ce dernier portait l’ordre au général commandant de se rendre chez l’Empereur si le maréchal était encore absent.

Les généraux, inquiets de leur position, se persuadèrent que l’Empereur avait eu connaissance des paroles échangées avec l’ennemi. La crainte s’était emparée d’eux et ils avaient cherché leur salut personnel dans l’exécution du mouvement que Marmont avait formellement