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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

Avant de partir et devant eux, il donna jusqu’à trois fois l’ordre aux chefs de corps qu’il laissait à Essonnes de ne pas bouger avant son retour ; il le promettait pour la matinée du lendemain. Le laissez-passer n’arrivait pas de Chilly ; les maréchaux impatients du retard se présentèrent aux avant-postes et se firent mener au quartier général de l’avant-garde, à Petit-Bourg, où ils espéraient se faire donner une escorte. Ils entrèrent dans le château ; le duc de Raguse, qui n’avait pas de pouvoir de l’Empereur, resta dans la voiture. Mais le prince de Schwarzenberg, qui se trouvait aux avant-postes, apprenant par des subalternes qu’il était là, l’envoya prier de descendre. Il eut un moment d’entretien avec lui. Il lui dit que ses propositions avaient été envoyées à Paris et qu’elles étaient acceptées.

Le maréchal lui répondit que sa position était changée, que ses camarades étaient chargés d’une communication à laquelle il s’associait entièrement et que tout ce qui s’était passé entre eux jusque-là devait être regardé comme nul et non avenu. Le prince de Schwarzenberg lui assura comprendre parfaitement son scrupule, et ils entrèrent ensemble dans le salon, à l’étonnement des autres maréchaux. Le duc de Raguse leur raconta ce qui venait de se passer entre lui et le prince de Schwarzenberg et combien il se sentait soulagé par cette explication. Il les accompagna chez l’empereur Alexandre et fut celui qui parla le plus vivement en faveur du roi de Rome et de la Régence. Il n’y avait pas grand mérite car, assurément, c’était bien leur propre cause que les maréchaux plaidaient en ce moment.

À cette conférence impérialiste, l’empereur Alexandre en fit succéder une avec les membres du gouvernement provisoire et les gens les plus compromis dans le mouvement royaliste. Il discuta contre les Bonaparte dans