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LES MARÉCHAUX À ESSONNES

des communications avec le quartier général du prince de Schwarzenberg. Il y eut des projets proposés des deux côtés, mais rien d’écrit.

Tel était l’état des choses lorsque les maréchaux envoyés de Fontainebleau pour demander la Régence, arrivèrent à Essonnes. Je tiens le reste des détails du maréchal Macdonald qui, après me les avoir racontés, a pris la peine de les dicter, lorsque je recherchais des renseignements exacts pour la notice dont monsieur Arago s’était chargé.

Les maréchaux n’avaient point, quoi qu’on ait dit, l’ordre de l’Empereur de s’associer le maréchal Marmont. Ils s’arrêtèrent chez lui en attendant le laissez-passer qu’ils avaient fait demander au quartier général des Alliés, alors établi au château de Chilly, au-dessus de Longjumeau. Ils lui racontèrent le motif de leur voyage à Paris. Marmont leur confia dans tous ses détails sa position vis-à-vis du prince de Schwarzenberg : il pouvait recevoir à chaque instant l’acceptation des demandes faites par lui. Mais il dit à ses collègues qu’il se désistait de toute démarche personnelle jusqu’à ce que le sort de celle qu’ils allaient tenter fût décidé. Ils convinrent qu’il irait visiter ses postes et qu’il se rendrait introuvable jusqu’à leur retour, qu’alors, et suivant leur succès, ils décideraient entre eux ce qu’il conviendrait de faire et agiraient en commun.

Le maréchal Ney remarqua que peut-être ce commencement de négociation avec un des maréchaux, en donnant l’espoir de désunir les chefs des différents corps, éloignerait l’acceptation de la Régence qu’ils allaient demander, qu’il vaudrait mieux que le maréchal Marmont les accompagnât pour prouver leur accord. Les autres adoptèrent cet avis, et le duc de Raguse ne fit aucune difficulté de les suivre.