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CHAPITRE iii


Le maréchal Marmont. — Bataille de Paris. — Séjour à Essonnes. — Mot du général Drouot. — Le maréchal Marmont entre en pourparlers avec les Alliés. — Arrivée des maréchaux à Essonnes. — Ils viennent à Paris. — Conférence chez l’empereur Alexandre. — Le maréchal Marmont apprend que son corps d’armée quitte Essonnes malgré ses ordres. — Son chagrin. — Intrépidité de sa conduite à Versailles. — Erreur de sa conduite. — Lettre du général Bordesoulle. — Réponse donnée aux maréchaux. — Conduite du maréchal Ney. — Dangers courus à notre insu. — Sauvegarde envoyée chez moi. — Pêche russe. — Bonhomie des cosaques. — Formation d’une garde-d’honneur. — Intrigues qui en résultent.

J’arrive, avec répugnance, à ce que l’histoire ne pourra s’empêcher d’appeler la défection du maréchal Marmont. Sans doute, elle la dépouillera de toutes les calomnies qu’on y a jointes, mais l’attachement sincère que je lui porte me force à m’affliger qu’une action, très défendable en elle-même, ait été conçue par un homme pour lequel la seule pensée en était un tort. Il est exactement vrai que le maréchal n’est coupable que d’être entré en négociation avec le prince de Schwarzenberg à l’insu de l’Empereur. Mais il était trop personnellement attaché à Napoléon, il en avait été comblé de trop de bontés, il en avait reçu trop de grâces pour qu’il ne fût pas dans son rôle, peut-être dans son devoir, de rester exclusivement lié à sa fortune. Lui-même l’a si bien senti que cette circonstance de sa vie a exercé depuis la plus fâcheuse influence sur ses actions et l’a rendu bien malheureux, lorsque le premier moment de l’excitation a été passé.