CHAPITRE iii
J’arrive, avec répugnance, à ce que l’histoire ne pourra s’empêcher d’appeler la défection du maréchal Marmont. Sans doute, elle la dépouillera de toutes les calomnies qu’on y a jointes, mais l’attachement sincère que je lui porte me force à m’affliger qu’une action, très défendable en elle-même, ait été conçue par un homme pour lequel la seule pensée en était un tort. Il est exactement vrai que le maréchal n’est coupable que d’être entré en négociation avec le prince de Schwarzenberg à l’insu de l’Empereur. Mais il était trop personnellement attaché à Napoléon, il en avait été comblé de trop de bontés, il en avait reçu trop de grâces pour qu’il ne fût pas dans son rôle, peut-être dans son devoir, de rester exclusivement lié à sa fortune. Lui-même l’a si bien senti que cette circonstance de sa vie a exercé depuis la plus fâcheuse influence sur ses actions et l’a rendu bien malheureux, lorsque le premier moment de l’excitation a été passé.