CHAPITRE viii
Je ne parlerai pas plus de la désastreuse retraite de Moscou que des glorieuses campagnes qui l’avaient précédée. Je n’ai sur tous ces événements que des renseignements généraux. Je n’écris pas l’histoire, mais seulement ce que je sais avec quelques détails certains. Lorsque les affaires publiques seront à ma connaissance spéciale, je les dirai avec la même exactitude que les anecdotes de société.
La chute de l’Empire s’approchait et nous avions la sottise de n’en être pas épouvantés ; à la vérité, la main ferme et habile du grand homme avait comme étouffé les passions anarchiques. Mais pouvait-on prévoir les calamités qui accompagneraient la chute de ce colosse ? Tous les esprits sensés devaient frémir ; quant à nous, avec cette incurie des gens de parti, nous nous réjouissions.
Il est pourtant juste de dire notre excuse. Le joug de Bonaparte devenait intolérable ; son alliance avec la maison d’Autriche avait achevé de lui tourner la tête. Il n’écoutait que des flatteurs ; toute contradiction lui était insupportable. Il en était arrivé à ce point qu’il ne supportait plus la vérité, même dans les chiffres.
L’arbitraire de son despotisme se faisait sentir jusqu’au foyer domestique. J’ai déjà dit sa fantaisie de