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JULES DE POLIGNAC

Ce fut dans ce temps qu’il lui prit la fantaisie de marier à son choix toutes les filles qui avaient au-dessus de cinquante mille francs de rente. Cette inquisition de famille n’a pas peu contribué à l’impopularité où il a fini par atteindre. Il admettait cependant la résistance. Les d’Aligre en sont un exemple. Monsieur d’Aligre était chambellan ; l’Empereur lui fit demander sa fille pour monsieur de Caulaincourt ; il feignit d’accepter avec joie. Mais, peu de jours après, il vint dire, avec l’air de l’affliction, que mademoiselle d’Aligre avait une répugnance invincible à la personne du duc de Vicence.

L’Empereur n’insista pas. Monsieur d’Aligre se crut sauvé, mais, apprenant peu de temps après que monsieur de Faudoas, le frère de la duchesse de Rovigo, allait lui être proposé pour gendre, il bâcla en huit jours de temps le mariage de sa fille avec monsieur de Pomereu, sous prétexte qu’elle lui donnait la préférence sur tous les prétendants. L’Empereur bouda un peu monsieur d’Aligre, mais celui-ci, n’ayant rien à en attendre, se sentait plus indépendant que beaucoup d’autres.

Quant à Jules, il conserva son odeur de sainteté qu’il ne put exploiter qu’à la Restauration. Il est resté prisonnier jusqu’en 1814.