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L’ÉVÊQUE DE NANCY

cultes ; il offrait des tempéraments dont j’ai oublié les détails et qu’il nous racontait heure par heure, mais l’Empereur ne voulait entendre à aucun. Le public resta persuadé que l’absence des cardinaux tenait uniquement à ce qu’ils n’admettaient pas le divorce ; je crois que c’est une erreur.

Je n’assistai pas plus aux fêtes du mariage que je n’avais fait à celles du couronnement. Je faisais honneur à mes répugnances politiques de ce peu de curiosité, mais j’ai découvert depuis que ma paresse y avait la plus grande part. Je trouve que la peine qu’il faut se donner surpasse de beaucoup le plaisir qu’on aurait, et le récit des fêtes suffit complètement à ma satisfaction ; je le lis le lendemain dans mon fauteuil en me réjouissant d’avoir échappé à la fatigue.

Je ne vis que les illuminations ; ce sont sans comparaison les plus belles que je me rappelle. L’Empereur, auquel les grandes idées ne manquaient guère, eut celle de faire construire en toile le grand arc de l’Étoile tel qu’il existe aujourd’hui, et ce monument improvisé fit un effet surprenant. Je crois que c’est le premier exemple de cette sage pensée, adoptée maintenant, d’essayer l’effet des constructions avant de les établir définitivement. L’arc de l’Étoile obtint les suffrages qu’il méritait.

Mon oncle, l’évêque de Nancy, assista au Concile des évêques de France réunis à Paris, à l’effet de statuer sur les différends existants avec le Pape, et qui n’eut aucun résultat. Mon oncle y tint une conduite fort épiscopale mais pourtant assez gouvernementale pour que l’Empereur en fût très content. Il lui donna une triste marque de sa satisfaction, quelque temps après, en le nommant archevêque de Florence.

Il avait fait beaucoup de bien à Nancy ; il y jouissait de la plus haute considération et il s’y plaisait extrême-