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BAL AUX TUILERIES

les souliers blancs à rosettes d’or, un habit de velours rouge fait droit à la François Ier et brodé en or sur toutes les coutures, le glaive, éclatant de diamants, par-dessus l’habit ; des ordres, des plaques, aussi en diamants, et une toque avec des plumes tout autour relevée par une ganse de diamants. Ce costume pouvait être beau dessiné, mais, pour lui qui était petit, gros et emprunté dans ses mouvements, il était disgracieux. Peut-être y avait-il prévention ; l’Empereur me parut affreux, il avait l’air du roi de carreau.

Je me trouvais placée entre deux femmes que je ne connaissais pas. Il demanda son nom à la première, elle lui répondit qu’elle était la fille à Foacier.

« Ah ! » fit-il, et il passa.

Selon son usage, il me demanda aussi mon nom ; je le lui dis :

« Vous habitez à Beauregard ?

— Oui, Sire.

— C’est un beau lieu, votre mari y fait beaucoup travailler, c’est un service qu’il rend au pays et je lui en sais gré ; j’ai de la reconnaissance pour tous les gens qui emploient les ouvriers. Il a été au service anglais ? »

Je trouvai plus court de répondre que oui, mais il reprit :

« C’est-à-dire pas tout à fait. Il est savoyard, n’est-ce pas ?

— Oui, Sire.

— Mais vous, vous êtes française, tout à fait française ; nous vous réclamons, vous n’êtes pas de ces droits auxquels on renonce facilement. »

Je m’inclinai.

« Quel âge avez-vous ? »

Je le lui dis.