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MES ONCLES

le duc d’Orléans, le grand-père du roi Louis-Philippe, et dans la plus grande intimité du Palais-Royal, surtout de la mère du Roi qui le traitait avec une affection toute filiale. Les mémoires du temps le citent pour ses distractions, ce qui n’empêchait pas qu’il ne fût très aimable, de bonne compagnie et fort serviable. J’aurai l’occasion d’en reparler. Je viens de dire qu’il était chambellan du grand-père du Roi ; il ne l’aurait pas été du fils, voici pourquoi : ce sont de ces détails de Cour qui paraissent déjà ridicules à notre génération, mais dont la tradition se perd et qui, par cela même, acquièrent un intérêt de curiosité.

Le roi Louis XV avait conservé à monseigneur le duc d’Orléans, désigné sous le nom du gros duc d’Orléans, petit-fils du Régent, le rang de premier Prince du sang auquel il n’avait plus de droit ; mais, comme il n’y avait dans la branche aînée que des fils du Dauphin prenant le rang de Fils de France, on avait accordé cette faveur au duc d’Orléans. Or, la Maison honorifique du premier Prince du sang était nommée et payée par le Roi et les gens de qualité ne faisaient aucune difficulté d’y entrer. Chez les autres Princes du sang, le premier gentilhomme et le premier écuyer étaient seul nommés et payés par le Roi : un homme de la Cour ne pouvait accepter que ces places auprès d’eux.

À la mort du gros duc d’Orléans, son fils sollicita vivement la continuation du rang de premier Prince du sang. La naissance des enfants de monseigneur le comte d’Artois se trouvait un motif de refus et, la Cour étant peu disposée à faire ce que souhaitait monsieur le duc d’Orléans, il ne put réussir. Il aurait donc été forcé de chercher des commensaux dans une autre classe que ceux de son père et cette circonstance le décida, sous prétexte de réforme, à ne point nommer sa Maison et à rompre