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CHAPITRE iv


Concerts du matin. — Le général de Boigne. — Mon mariage. — Caractère de monsieur de Boigne. — Les princes d’Orléans. — Monsieur le comte de Beaujolais. — Monsieur le duc de Montpensier. Monsieur le duc d’Orléans. — Tracasseries domestiques. — Voyage en Allemagne. — Hambourg. — Munich. — Retour à Londres. — Histoire de lady Mary Kingston.

Je ne raconterai pas le roman de ma vie, car chacun a le sien et, avec de la vérité et du talent, on peut le rendre intéressant, mais le talent me manque. Je ne dirai de moi que ce qui est indispensable pour faire comprendre de quelles fenêtres je me suis trouvée assister aux spectacles que je tenterai de décrire, et comment j’y suis arrivée. Pour cela, il me faut entrer dans quelques détails sur mon mariage.

La santé de ma mère donnant moins d’inquiétude, elle chercha à m’amuser. Elle avait retrouvé à Londres Sappio, ancien maître de musique de la reine de France. Il était venu chez elle, m’avait fait chanter, s’était passionné de mon talent et le cultivait avec d’autant plus de zèle qu’il s’en faisait grand honneur. Sa femme, très gentille petite personne, était bonne musicienne. Nos voix s’unissaient si heureusement que, lorsque nous chantions ensemble à la tierce, les vitres et les glaces en vibraient. Je n’ai jamais vu cet effet se renouveler qu’entre mesdames Sontag et Malibran. Il avait un mérite très grand, surtout pour les artistes, parce que