Page:Mémoires de la comtesse de Boigne Tome I 1921.djvu/118

Cette page a été validée par deux contributeurs.
111
ARRIVÉE EN ANGLETERRE

tant d’élasticité qu’on reprend bien vite la force avec la gaieté. Malgré les deux bouteilles toutes préparées, nous continuâmes notre route. La tourmente n’existait pas de ce côté de la montagne. Mon père causait avec moi, m’expliquait les avalanches que nous voyions tomber, et la descente me parut aussi agréable que la montée m’avait été pénible.

Nous passâmes quelques jours à Lausanne, puis à Constance, où le vieil évêque de Comminges s’était établi. J’y aperçus de loin Mademoiselle. On venait de l’enlever à madame de Genlis. Elle ne voyait personne, et était regardée avec une espèce de répulsion par toute cette coterie d’émigrés installés à Constance. Après avoir descendu le Rhin en bateau, nous arrivâmes à Rotterdam. Mon père alla à La Haye pour prendre les caisses qui y étaient déposées. Nous nous embarquâmes, arrivâmes à Harwich et prîmes directement la route du Yorkshire.