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UNE SEMAINE DE JUILLET 1830

me la duchesse de Berry dont j’ai oublié le nom) qui vient prendre mes commissions pour la duchesse de Berry, que dois-je dire ? Je ne peux pas refuser de le voir.

— Dites des politesses insignifiantes ; il n’y a pas besoin d’entrer en aucun détail par un tel messager, mais n’écrivez-pas. »

Madame la duchesse d’Orléans sortit. Mademoiselle courut encore après elle jusque dans la pièce suivante :

« Surtout, ma sœur, n’écrivez pas.

— Non, non, je vous le promets. »

Mademoiselle revint à moi en souriant : « Ma pauvre sœur est si troublée, me dit-elle, qu’elle n’est pas en état de mesurer ses paroles, et il ne faut s’engager d’aucun côté. »

Nous reprîmes le fil de notre discours. Mademoiselle reconnut qu’en effet il valait mieux qu’elle vînt chez moi. Elle allait s’y rendre ; je l’accompagnerais seule, mais il me faudrait attendre. Son frère était sorti et elle ne partirait qu’après son retour.

Madame la duchesse d’Orléans revint une seconde fois :

« Ma sœur, ma sœur, voilà Sébastiani ! il est furieux, vous savez.

— Soyez tranquille, je vais le faire venir ici. Furieux ou non, il faut bien qu’il se soumette à cette nécessité ; je me charge de lui parler. »

Elle sonna pour donner l’ordre de faire entrer le général Sébastiani chez elle. Je sortis avec madame la duchesse d’Orléans par l’intérieur.

Je ne saurais peindre la scène de désordre que présentait alors le Palais-Royal. On avait profité du séjour de la famille à Neuilly pour entreprendre d’assez grandes réparations dans plusieurs pièces. Les parquets étaient enlevés ; on marchait sur les lambourdes au milieu du plâtre. Dans d’autres, les peintres étaient