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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

La relation d’aussi grandes scènes doit, je crois, porter principalement le caractère de la sincérité, et souvent un futile détail d’intérieur donne ce cachet d’actualité qu’il me semble y reconnaître.

En cherchant à émonder cette narration de ce qui me paraît maintenant inutile, je ne serais pas sûre d’avoir la main assez habile pour ne pas retrancher précisément ce qui lui donne le coloris de la vérité. D’ailleurs, les événements sont trop importants par eux-mêmes pour laisser le loisir de chercher autre chose qu’un historien fidèle.

D’autre part, je craindrais, en remaniant ces pages, de ne plus montrer les journées de Juillet sous l’aspect où elles se présentaient à l’époque même. Nous éprouvons aujourd’hui les difficultés inhérentes à une révolution dirigée contre l’état social tout entier. Nous sommes assourdis par les sifflements des serpents qui en sont nés. J’aurais peine à ne pas chercher sous les pavés de Paris la fange dans laquelle ils sont éclos, et je ne serais pas alors le chroniqueur exact des impressions fournies par ces premiers moments. Dans tout le cours de ces récits, j’ai cherché à me garer de présenter les événements tels que la suite les a fait juger et à les montrer sous l’aspect où on les envisageait dans le moment même.

Je veux garder la même impartialité pour la révolution de Juillet.

Là, se termine ma tâche.

Jusqu’ici, j’ai raconté ce que j’ai aperçu du parterre. Depuis 1830, je me suis trouvée placée dans les coulisses ; et la multitude des fils qui se sont