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UNE SEMAINE DE JUILLET 1830

faciles, on ne circulait qu’à pied, et beaucoup de temps, si précieux ces jours-là, se trouvait matériellement employé par des courses indispensables.

Je fus fort surprise de voir entrer chez moi monsieur de Glandevès, parti le matin pour Saint-Cloud avec l’intention d’y rester. Il était blessé jusqu’au fond du cœur de la façon dont il y avait été accueilli. Peut-être la poignée de main donnée à Casimir Périer avait-elle été dénoncée. Toujours est-il que le Roi l’avait très mal reçu et, quoiqu’il fût une espèce de favori, avait affecté de ne lui pas parler.

Après avoir vainement attendu un moment opportun, il finit par solliciter une audience, Le Roi se plaça dans une embrasure de fenêtre. Il voulut entreprendre de lui parler de la situation de Paris ; mais le Roi s’obstina à lui répondre à assez haute voix pour que le baron de Damas et deux ou trois autres affidés de la Congrégation, qui étaient dans la chambre, entendissent ses paroles. Alors monsieur de Glandevès lui dit :

« Je vois que le Roi ne veut pas m’écouter ; je me bornerai donc à lui demander ses ordres sur ce que je dois devenir.

— Retournez à vos Tuileries.

— Le Roi oublie qu’ils sont envahis ; le drapeau tricolore y flotte.

— Il est pourtant impossible de vous loger ici.

— En ce cas, Sire, je partirai pour Paris.

— Vous ferez très bien.

— Le Roi n’a pas d’autre ordre à me donner ?

— Non, pas moi, mais voyez mon fils ; bonjour, Glandevès. »

Monsieur de Glandevès se rendit chez monsieur le Dauphin.

« Monseigneur, le Roi m’envoie savoir si monseigneur