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MORT DE LA DUCHESSE DE WURTEMBERG

rendue des plus touchantes par leur douleur mal contenue.

Les prières de l’Église achevées, ils descendirent dans le caveau et, avant d’abandonner ce cercueil à la solitude de sa dernière demeure, chacun d’eux, à genoux, colla ses lèvres dessus, en lui disant un long adieu.

Ils étaient déjà remontés, lorsque monsieur le duc d’Orléans, s’arrêtant brusquement, retourna sur ses pas et, à travers d’amers sanglots, s’agenouilla de nouveau et baisa le cercueil encore une fois en s’écriant : « Pour Joinville ».

Ce souvenir du frère absent (monsieur le prince de Joinville assistait alors à la prise de Saint-Jean d’Ulloa) dans celui qui doit être un jour le chef de la famille m’a paru un trop bon et trop heureux sentiment dans l’avenir de tous pour négliger de le rapporter. Le petit nombre des assistants en furent vivement émus.

En outre de la Jeanne d’Arc, de l’ange de Moore portant une larme au ciel et des figurines du plateau de monsieur le duc d’Orléans, dont j’ai déjà parlé, la duchesse de Wurtemberg a laissé une statue d’ange ouvrant la porte du ciel, quelques bas-reliefs tirés du poème d’Ahasvérus, le buste de la reine des Belges et celui de son fils aîné. Les portefeuilles de ses dessins ont été perdus dans l’incendie du palais de Gotha.