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MÉMOIRES DE MADAME DE BOIGNE

Telle a été la vie, telle a été la mort de Marie d’Orléans, duchesse de Wurtemberg. Avec mille belles, grandes et nobles qualités, il lui manquait un peu d’argile vulgaire pour les maintenir à leur place ; elles lui ont fait une guerre intestine où elle a succombé.

Je crois que cette disposition est plus rare sur les marches du trône que dans les autres classes de la société ; mais, partout, elle porte le désordre et doit être réprimée dès la première enfance.

La désolation de la famille royale fut extrême. Monsieur le duc d’Orléans, auquel ses dernières paroles avaient été consacrées, témoigna d’une amère douleur. Les récits de monsieur le duc de Nemours, et l’impression qu’il avait reçue d’une mort si édifiante, furent pour sa pieuse mère la plus grande consolation qu’elle pût recevoir.

Elle en puisa aussi dans le sourire du pauvre petit prince Philippe, trop jeune pour connaître son malheur et qu’elle accueillit d’une tendresse toute maternelle.

Le duc Alexandre le lui ramena et le remit entre ses mains, avec une confiance dont elle fut profondément touchée. Après avoir rendu les soins les plus tendres à la princesse son épouse, il la pleura de façon à s’assurer l’affection sincère de toute sa famille.

Le corps de la princesse Marie, rapporté à Marseille, traversa la France ; et ce cortège funèbre fut partout entouré d’hommages et de regrets.

On aurait souhaité, c’était le vœu des ministres, qu’elle fût enterrée à Saint-Denis ; mais les désirs de la Reine prévalurent, et sa fille fut transportée à Dreux, où déjà elle avait deux enfants rendus à ce Dieu qui les lui avait donnés.

Le Roi, les princes ses fils, et le duc de Wurtemberg, arrivé de la veille, allèrent recevoir ces tristes dépouilles d’une femme si brillante et si aimée. La cérémonie fut