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MORT DE MONSIEUR DE TALLEYRAND

toujours à la sienne, et composent le savoir-vivre. Monsieur de Talleyrand y excellait.

Monsieur de Barante ayant prononcé à la Chambre des pairs l’éloge de mon père, j’en envoyai un exemplaire à monsieur de Talleyrand. Il me répondit un billet, que je conserve, écrit de sa main et plein de ce bon goût que je signalais tout à l’heure.

La déclaration remise à l’abbé Dupanloup, dûment examinée par lui, l’archevêque et monsignor Garibaldi, avait provoqué quelques difficultés de leur part. Madame de Dino, profitant des relations qu’elle avait renouées avec l’archevêque, entama de longues discussions avec lui et chercha fort raisonnablement à lui prouver qu’il ne fallait exiger que ce qu’il était possible d’obtenir. La connaissance intime qu’elle avait du caractère de monsieur de Talleyrand donnait du poids à ses discours.

Cette négociation dura quelque temps. Enfin, la duchesse rapporta la pièce à son oncle, avec quelques légers changements de rédaction, auxquels il obtempéra tout de suite, et la demande d’un article supplémentaire qu’il refusa d’y insérer mais qu’il consentit à placer dans une lettre qu’il voulait simultanément adresser au Pape.

Cet accommodement fut accepté. Les deux documents, libellés, copiés, restèrent entre les mains de monsieur de Talleyrand, sans être encore signés.

Les choses en étaient là. Vingt personnes avaient dîné, le jeudi 10 mai, à l’hôtel de Talleyrand lorsque, le lendemain, le prince fut pris à table d’un horrible frisson. On le fit coucher. Son médecin, Cruveilhier, qui en était déjà inquiet depuis quelque temps, le trouva sérieusement mal.

Dès le lendemain, une énorme tumeur se déclara à la cuisse ; il crut nécessaire de l’ouvrir et dit au malade que,