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MORT DE MONSIEUR DE TALLEYRAND

vrai, et, pour peu qu’on ait vécu dans le monde quelques années, chacun doit avoir vu l’exemple de contradictions que le raisonnement repousse et que l’expérience confirme.

Quoi qu’il en soit, monsieur de Talleyrand était l’âme de cette jeunesse, à peu près factieuse, qui, comme tous les révolutionnaires, ne voulait renverser que pour se frayer le chemin.

Lorsque les imprévoyables fautes du ministère Polignac amenèrent les événements que la pitoyable conduite de la Cour rendirent irrémédiables, monsieur de Talleyrand se trouva naturellement au centre du mouvement. Toutefois, il conseilla à monsieur le duc d’Orléans de ne prendre que le titre de commandant de Paris, en se tenant le plus possible sur la réserve vis-à-vis des partis.

J’ai lieu de croire qu’il inclina pour Henri V et la régence de monsieur le duc d’Orléans ; mais je puis affirmer qu’il chercha à l’engager à conserver le titre de lieutenant général du royaume jusqu’à ce que le pouvoir fût plus entier dans ses mains et, tout au moins, jusqu’à ce que Charles X eût quitté le territoire français.

La rapidité des événements ne permit de suivre aucun de ces avis. Monsieur le duc d’Orléans, entraîné dans ces tourbillons qui se bouleversaient l’un l’autre, sans un parti à lui dont il se pût servir pour les arrêter, ne pouvait se soutenir qu’en se laissant aller à leurs mouvements oscillatoires. La couronne lui tomba sur la tête au milieu de cette tourmente aussi imprévue qu’ingouvernable. Bientôt après, se déploya une licence de la presse dont nous voyons encore les tristes fruits.

Madame de Dino recula devant elle, et pour son compte et pour celui de monsieur de Talleyrand. Elle