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LE MARIAGE DU DUC D’ORLÉANS

Après cela, elle ne s’éloigna plus de la Reine à laquelle elle semblait adresser toutes ses questions, et ses remarques sur le jeu de mademoiselle Mars dont elle paraissait enchantée. Après le spectacle, on fit encore une petite station dans le salon de Louis XIII ; la famille royale rentra dans la salle du trône et chacun se retira chez soi.

J’avais remarqué la tristesse de la princesse Marie, mais, le lendemain, j’en fus bien plus frappée. Son attitude de mécontentement s’étendait jusqu’au choix de sa toilette. Tandis que nous étions toutes couvertes de broderies, de dentelles, de plumes, elle seule avait adopté un costume d’une simplicité qui faisait un étrange contraste. Je le lui avais vu à la messe. Je pensais qu’elle irait s’habiller, mais elle le conserva pour le déjeuner.

L’étiquette de la veille se renouvela à l’heure de tous les repas. La famille royale stationnait un moment dans le salon, où nous étions réunies, en allant se mettre à la table où nous la suivions, et plus longtemps au retour.

Madame la duchesse d’Orléans, en négligé fort élégant, me parut encore plus agréable que sous sa couronne de diamants, et tout aussi grande dame. Elle fit beaucoup de frais, et déjà je m’aperçus qu’elle devinait les nuances.

Comme ce qui touche personnellement frappe davantage, je me rappelle qu’elle m’adressa une question, ayant rapport aux habitudes intimes de la Reine, qui témoignait qu’elle se rappelait la phrase obligeante par laquelle sa belle-mère avait appelé son attention sur moi la veille.

Quand on a reçu vingt mille présentations depuis quinze jours, cela demande une force de mémoire bien extraordinaire et dont nous autres particuliers serions